J'ai découvert très récemment The Lobster, film réalisé par le réalisateur grec Yorgos Lanthimos et je dois dire que ce film m’a laissé une drôle d’impression, de celle qui colle à la peau et à l’esprit sans jamais vouloir vous quitter. Je ne sais pas pour vous, mais les films que j’adore sont rarement ceux qui me laissent la meilleure première impression quand je les regarde. Je dois même avouer qu’ils provoquent chez moi une sorte de malaise. Peut-être parce qu’ils touchent à quelque chose de profond et d’enfoui, et qu’ils exhument des angoisses auxquelles je ne veux pas forcément penser. Mais invariablement, ces films ne me quittent pas et participent un peu à ce que je suis. Il en est ainsi pour The lobster, et je vais tâcher de vous expliquer pourquoi.
Cette œuvre de Yorgos Lanthimos est assurément absurde. Un homme est quitté par sa femme, il se retrouve seul dans une société exclusivement centrée sur le couple. Pour continuer de faire partie de cette société absurde, il se rend dans un hôtel exclusivement pensé pour accueillir des célibataires en quête de partenaire. Chaque jour il suit un planning réglé au millimètre pour trouver la personne avec qui il repartira. Il a 45 jours pour trouver une compagne qui partagera un défaut ou goût commun sous peine d’être transformé en l’animal de son choix : un homard.

Dans ce film sombre et satyrique, il est question du couple. Il agit comme une métaphore de la pression moderne qui pèse sur les individus pour former et représenter ces relations idéales, quitte à feindre, quitte à afficher un faux bonheur. Après un premier visionnage, on décèle cette critique du faux couple, et du paraitre. Nous sommes prisonniers de l’image que nous voulons donner et nous cherchons désespérément la moindre similitude qui pourrait justifier notre rapprochement.
Cette analyse du film comme critique du couple, j’ai pu la lire dans de nombreux articles sur le web. Pourtant on y oublie souvent de souligner qu’il en est de même pour la situation inverse. Quand le personnage principal s’échappe et rejoint de groupe des « Loners » (les solitaires) ont retrouve la même pression à rester seul. Comme si rien ne pouvait exister entre ces deux extrêmes. « Tu es en couple ou tu ne l’es pas, choisis » semble nous dire le film. Le dicktat du célibat, le marketing du couple, l’inaptitude sociale… tous ces thèmes sont abordés en vrac par le film. Autant de questions à réponse ouvertes, très ouvertes. On se rend finalement compte qu’on ne peut échapper aux règles, la liberté n’existe pas, il faut suivre les lois propres à chaque système pour survivre.
En y repensant, j’espère qu’elle souffrira beaucoup avant de mourir. J’espère juste que je n’entendrais pas ses cris pathétiques de ma chambre, parce que j’aimerais me coucher, et j’ai besoin de calme et de paix.David, The lobster
Ce qui m’a beaucoup frappé dans ce film, c’est la mise en scène épurée et sans artifices que met en place Yorgos Lanthimos. Il privilégie les plans fixes aux champs / contre-champs, la diction des acteurs est monocorde, presque mécanique. Tout est fait pour accentuer le sentiment de malaise et de mal-être chez le spectateur, surement pour traduire l’étrangeté de ce que nous voyons. Chaque scène est construire comme un tableau qui se développe tout en indolence devant notre regard troublé. La mise en scène, si elle simple, n’en demeure pas moins extrêmement contrôlée : The lobster est un film à sang froid qui s’apprécie à chaud, un peu comme le homard en fait.

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